Sommes-nous devenues des mulâtres? (Magazine Souche)

 Quel titre?!  Mais, c’est quoi ça?!  Bon, suivez-moi, je vous emmène avec moi et vous allez comprendre.

Quand on lit tous ces articles, toutes ces recherches sur les produits capillaires sur nos cheveux, c’est à se demander si les risques en valent la chandelle. 

*Il est conseillé de lire les autres articles avant de lire ce texte*

Chez les Haïtiennes, se défriser les cheveux d’une manière chimique s’appelle “mete permanent la" en créole.  La plupart d’entre nous, les filles, le premier défrisage se passe lors de passage primaire-secondaire.  C’est un vrai rite de passage pour les jeunes filles.  On va au salon où les femmes  sont déjà installées et prêtes à partager leur sagesse.  L’odeur de la “permanente” !  Oh boy!  Elle reste imprimée dans notre mémoire pour l’éternité avec toutes les sensations cutanées allant au chatouillement jusqu’au brûlure.  Car, oui, ça brûle!  Cette crème a brûlé mes cheveux, un peu mes oreilles et mon cuir chevelure plus d’une fois.  Ma sœur était toujours la première à s’asseoir sur la chaise car elle avait plus de cheveux que moi.  Quand je voyais la douleur dans ses yeux…  Mais où est la porte de sortie?  Pourtant, nos cheveux étaient RAIDES à la fin du processus.  Nous étions toutes là pour ce résultat.  Oui, avoir des cheveux raides mais avec du mouvement comme les Blanches.  Soyons franches, tout cela pour ressembler à elles.  Toutes ces compagnies capillaires nous vendent ce rêve caucasien, le rêve d’avoir les cheveux longs et faciles à manipuler à tous les jours.  Par contre, il faut mettre des rouleaux pour les sécher pendant des heures tout en mettant des produits pour protéger les cheveux de la chaleur et des dommages possibles.

Whoopi Goldberg et son personnage de la petite fille qui veut des cheveux longs, source : émission The View, ABC

Ok, certaines d'entre vous qui sont d’une autre génération ou d’une autre culture se demandent pourquoi ne pas utiliser le fer plat?  Durant mon adolescence, cela était peu connu.  Bien sûr, il y avait le peigne métallique qu’on chauffait sur le rond du four mais si on voulait les cheveux lisses pour une longue période, le choix est la crème défrisante.  En plus, les deux méthodes ne sont pas compatibles.  Dois-je vous dire qu’aller nager à la piscine n’était pas recommander?  Les produits chimiques de la crème et le chlore est un Big No No No!!!

La marche à suivre quand on met ce truc sur la tête : laver ses cheveux à toutes les 2 semaines au salon ou à la maison si on avait un gros séchoir, remettre le défrisant à tous les 3 mois (jusqu’à 6 mois) cette crème blanche pour les repousses et prier que nos cheveux restent sur notre tête.  

Est-ce si caucasien que ça?  Car, à chaque application, il y a toujours un risque de devenir chauve ou en partie.  Ces femmes caucasiennes avaient-elles ou ont-elles les mêmes risques pour garder leurs cheveux raides et longs?  Bien…Sûr…Que…Non!

Alors pourquoi le faire?  Pourquoi risquer nos vies et nos cheveux?  Car, on nous fait croire que les cheveux des Blanches étaient (oui au passé) des bons et des beaux cheveux.  Le créneau de beauté nous disait que si tes cheveux se laissaient danser par le vent, c'était bon.

La femme blanche est belle avec son teint et ses cheveux malélables.  Les cheveux “crépus” n’ont pas leur place dans le royaume de beauté.  Les enfants ont encore du mal à trouver la poupée noire belle, gentille et aimable. 

(référence à l’expérience : https://fb.watch/ikfrOCvPfW/?mibextid=NnVzG8 )

C’est quoi le lien avec ton titre?  Patience!  Donc…  Nous avons cru que la beauté était blanche.  Mais cela vient d’où?  Oui, je sais  que vous le savez.  L’esclavage au goût caucasien a tout fait, vraiment tout fait pour que les esclaves noirs se sentent déshumanisés, moins que rien.  Cela passait aussi par les cheveux qui montraient, auparavant, tant de beauté, tant d’originalité, tant de style réduisant à être cachés, dénaturés de sa lumière et d’être traités crépus.  Crépu est un mot utilisé pour définir  le poil des animaux.  Parce que ce “poil” est moins que rien, il y a eu des personnes qui ont le génie de s’en servir comme carte de route vers la liberté. 

Source : 3.bp.blogspot.com


Oui, j’y arrive…

À cette époque, ce n’était pas rare que le "maître" allait visiter les femmes noires de manière cordiale sans consentement.  Cela donnait plusieurs bébés innocents qui seront appelés “mulâtres”.  Ces personnes de la haute société étaient convaincus que ces bébés étaient stériles comme les mules qui sont le résultat d’une union entre une pouliche et un âne.  Ce qui donne une raison supplémentaire (comme ils en avaient vraiment besoin) de continuer les visites nocturnes.  Par chance, cette notion peu scientifique s’est avérée fausse.  Cependant, cela ne signifie pas que les "maîtres" d’autrefois n’ont pas réussi leur projet.  

Les femmes, pendant des générations, issues de l’esclavage ont fini par croire qu’il faut éliminer ces cheveux “crépus” dans le but d’être vues, respectées, (re)humanisée et même embauchées.  Aller, mettons ces produits capillaires, on va finir par passer pour des femmes blanches.

Conséquence : ces produits peuvent attaquer notre système de reproduction. Les problèmes d’infertilité sont nombreux (fibromes, cancer de l’utérus...) et montent en flèche.  Donc, c’est plus compliqué d’avoir des bébés.  Devenons-nous stériles?  Devenons-nous les mulâtres des maîtres tant espérés?  Les esprits de ces êtres ignobles doivent regarder la situation actuelle en se demandant “Avons-nous réussi? Et ça, sans effort?”

Heureusement, plusieurs personnes essaient de renverser la vapeur.  Le cheveu frisé et frisé serré (pas crépus!) reviennent sur la place publique.  Par contre, c’est tout un réapprentissage.  Les femmes noires sur terre caucasienne ont oublié comment honorer cette chevelure.  Plusieurs d’entre nous veulent remettre ce savoir au goût du jour afin de nous aimer au naturel et que cet amour reste pour longtemps malgré les découragements et le coût financier.  Oui, l'entretien du cheveu naturel coûte cher comme tout produit destiné à la femme noire.

En juillet 2010, j’ai fait un bras d’honneur à ces esclavagistes et je me suis coupée les cheveux et éliminé toute trace de produit défrisant.  Tous les jours, je montre à mon fils comment embrasser et honorer notre belle couronne. J’aurais tant voulu que l’on me le montre quand j’étais petite  au lieu de me montrer que l’acception passait par la longueur et la raideur de mes cheveux.  Qui sait, peut-être j’aurais pu donner un frère ou une sœur à mon fils. 


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