Jean-Michel Basquiat, le son de New-York (Magazine Souche)

 


Cet été (l’été 2022), en entrant dans un magasin Presse International, je tombe sur un livre pour enfants qui parle de Jean-Michel Basquiat.  Je me dis qu’il serait une excellente idée d’avoir dans ma bibliothèque un livre sur un artiste noir pour mon fils.  La vérité est que j’en suis la seule propriétaire.  Même si j’avais vu plusieurs documentaires sur lui et sur son importance dans le monde des arts modernes, j’avais cette impression de le connaître très peu.  Avec raison!  Mais le Musée des Beaux-Arts de Montréal me donne une chance unique de rattraper le coup.

Une chance unique car MBAM offre, pour la première mondiale, une exposition sur l’importance de la musique dans l'œuvre de Basquiat (Musique appelée Clé précieuse qui décrypte et déchiffre son héritage artistique) appelée À plein volume Basquiat et la Musique.

Artiste contemporain des années fin 70 jusqu’à sa mort (1988), la musique est omniprésente dans ses tableaux et dans son monde artistique.  Le musée montréalais (avec l’aide du Musée de la Musique - Philharmonie de Paris) nous le démontre en expliquant les liens entre la musique qui a bercé son enfance (son père avait l’habitude de mettre de la musique dans la maison familiale le dimanche) comme le jazz, l’opéra, le blues, … et la musique naissante dans les rues de New-York.  Le blues et, surtout, le jazz sont imprimés (pour pas dire tatoués) dans son cœur, dans son âme.  Ces moments dominicaux l’ont rendu mélomane (possédant plus de 3000 albums) mais un mélomane de son époque.  Son immersion artistique arrive en même temps que le punk, le hip-hop, le rap, le no-wave et autres.  Ces nouveaux courants musicaux éclatent dans ses œuvres (tableaux, pochettes de disque, affiches, son groupe de musique Gray, clips vidéos, graffiti,...).

Cette exposition nous fait circuler dans ce New-York (époque dite “sale”) en plein changement où le graffiti nous frappe en plein visage.  On se promène entre le be-bop et le hip-hop, entre le classique et le punk, entre le jazz ou le blues et le rap.  Cela nous démontre à quel point ces styles musicaux l’ont inspiré et ont  structuré sa pratique.  On comprend assez vite que, dans l'œuvre de Basquiat, la manière dont il aborde les sujets précieux à lui comme la présence africaine en Amérique, les droits civiques raciaux sont en lien ou copiés-collés des styles musicaux qui l’ont accompagnés toute sa vie.  Explication : ces musiques ont été créées suite à des problèmes raciaux et sociaux (comme le punk qui est black aussi, faites vos recherches!).   Les noirs américains utilisent la musique pour exprimer leur souffrance et leur douleur (comme le blues, le rap, le jazz,...).  Ce sont des créations où l'émotion / la douleur du moment sont exprimées.  Ce “copier-coller” se voit dans le mode d’improvisation de la musique comme on  le voit dans le jazz (comme son groupe de musique Gray)  et se voit aussi dans ses tableaux où Basquiat utilise beaucoup l’échantillonnage et le scratch comme dans le rap et le hip-hop (prendre des morceaux d’images en papier et en faire un collage tout en éraflant l’image par la suite).  

Tableau Kokosolo, 1983, inspiration de Charles Parker et de sa pièce musicale Koko.


Le parcours de l’exposition compte 7 salles qui représentent 7 éléments importants de Basquiat : 1. New-York / New waves, 2. Basquiat et le hip-hop, 3. le son en vue : entendre l’image, voir le bruit, 4. Jazz, 5. Area : l’art dans le tumulte des nuits new-yorkaises et 7. Eroica : héroïsme, musique et mémoire.  7 salles?!  Cela pourrait paraître long mais non, pas du tout et même, on en voudrait plus.  Le musée a pensé à tout car, pour prolonger le plaisir, il est possible de voir l’exposition avec la section musicale consacrée à Basquiat  sur l’application Stingray Music appelée Basquiat et la Musique.  Avec cette musique dans nos oreilles, on peut avoir l’impression que les œuvres nous parlent, nous racontent, se confient à nous.

Il a aussi l’application de réalité augmentée appelée aussi Basquiat et la Musique (qui se trouve sur Google Play et sur App store) qui enrichit  l’expérience en mettant en contexte historiquement et socialement une vingtaine d'œuvres.  Cette application a été créée par Dpt (est. 2007), un studio montréalais multidisciplinaire dans des domaines comme les applications de réalité augmentée.  Soyez sans craintes, elles sont bien identifiées.  Il suffit de pointer son téléphone intelligent  vers l'œuvre en question et plusieurs informations apparaîtront.  Les liens entre la musique et les créations nous sont expliqués et nous font comprendre le passé de Basquiat, notre passé, le présent de Basquiat et notre présent. 

L’exposition À plein volume Basquiat et la Musique se fera du 15 octobre 2022 jusqu’au 19 février 2023.  Il est nécessaire de prévoir toute une matinée ou tout un après-midi pour tout voir et tout apprécier à sa juste valeur (conseil d’ami).  

On sort de cette expérience avec le goût de revoir le clip Rapture de Blondie (oui, il est dans ce vidéo, il faut ouvrir l’oeil) et le sentiment de se retrouver dans le film Taxi Driver de Scorsese où le jazz suit le parcours du chauffeur de taxi (Robert De Niro) dans le New-York “sale” comme le jazz a suivi le parcours artistique de Basquiat.










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Carnet 5, sans titre, 1980-87 , liste de ses inspirations


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